|
|||
Department of Public Information • News and Media Division • New York December 14, 2005 |
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ANNONCE LA COMPOSITION FINALE DU GROUPE DE HAUT NIVEAU POUR L’ALLIANCE DES CIVILISATIONSLe Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, est heureux d’annoncer la composition finale du Groupe de haut niveau pour l’Alliance des civilisations, dont la composition s’est enrichie des deux nouveaux membres régionaux figurant ci-dessous:
Pour l’Amérique latine: Professeur Candido Mendes (Brésil), Secrétaire général de l’Académie de la Latinité.
Pour l’Asie de l’Est: Professeur Pan Guang (Chine), Directeur de l’Académie des sciences sociales de Shanghai.
La liste des 20 membres du Groupe de haut niveau se compose comme suit:
Membres du Groupe de haut niveau pour l’Alliance des civilisations:
COPRÉSIDENTS
1. M. Federico Mayor
(Espagne, Coprésident)
Président de la Fondation « Culture de la Paix » et ancien Directeur général de l’UNESCO
2. Professeur Mehmet Aydin (Turquie, Coprésident)
Ministre d’État de la Turquie et Professeur de philosophie
MOYEN-ORIENT
3. Seyed Mohamed Khatami ( Iran)
Ancien Président de l’Iran
4. Mme Sheikha Mozah ( Qatar)
Consort de l’Émir du Qatar et Présidente de la Fondation qatarie pour l’éducation, la science et le développement communautaire
5. M. Ismail Serageldin (Égypte)
Président de la Bibliothèque d’Alexandrie
AFRIQUE DU NORD
6. M. Mohamed Charfi (Tunisie)
Ancien Ministre de l’éducation de la Tunisie
7. M. André Azoulay (Maroc)
Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc
AFRIQUE DE L’OUEST
8. M. Moustapha Niasse (Sénégal)
Ancien Premier Ministre du Sénégal
AFRIQUE AUSTRALE
9. Archevêque Desmond Tutu (Afrique du Sud)
Archevêque de Cape Town
EUROPE DE L’OUEST
10. M. Hubert Védrine ( France)
Ancien Ministre des affaires étrangères de la France
11. Mme Karen Armstrong
(Royaume-Uni)
Historienne des religions
EUROPE DE L’EST
12. M. Vitaly Naumkin (Fédération de Russie)
Président du Centre international d’études stratégiques et politiques et Président de l’Université d’État de Moscou
AMÉRIQUE DU NORD
13. M. John Esposito
(États-Unis)
Directeur et fondateur du Centre pour l’entente entre musulmans et chrétiens, Université de Georgetown, et rédacteur en chef de l’Encyclopédie d’Oxford du monde musulman.
14. Rabbin Arthur Schneier (États-Unis)
Président de la Fondation « Appeal of Conscience » et rabbin principal de la synagogue de Park East
AMÉRIQUE LATINE
15. M. Enrique Iglesias ( Uruguay)
Secrétaire général ibéro-américain et ancien Président de la Banque interaméricaine de développement
16. Prof. Candido Mendes (Brésil)
Secrétaire général de l’Académie de la Latinité
ASIE DU SUD
17. Mme Nafis Sadik ( Pakistan)
Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU
18. Mme Shobana Bhartia (Inde)
Directrice générale du quotidien « Hindoustan Times », New Delhi
ASIE DU SUD-EST
19. M. Ali Alatas (Indonésie)
Ancien Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie
ASIE DE L’EST
20. M. Pan Guang (Chine)
Directeur de l’Académie des sciences sociales de Shanghaï
BARCELONE ENVOYÉE SPÉCIALE
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne et les représentants des dix pays du sud de la Méditerranée sont parvenus à s'accorder sur un "code de conduite contre le terrorisme" âprement négocié, mais le conflit israélo-palestinien a empêché l'adoption d'une déclaration finale commune du sommet euro-méditerranéen qui s'est achevé à Barcelone, lundi 28 novembre. L'ouverture du sommet, la veille, avait été marquée par l'absence des chefs d'Etat et de gouvernement arabes, exception faite du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Dans ce "code", les 35 signataires affirment que "le terrorisme ne peut jamais être justifié" et ils expriment leur "condamnation totale du terrorisme dans toutes ses formes et manifestations" sans "aucune distinction". Cette condamnation claire n'a pas été obtenue sans mal : plusieurs pays arabes ont tenté, au cours de la négociation du texte, d'obtenir, en référence à la situation des Palestiniens, mention du droit à la résistance en cas d'occupation de même qu'à l'autodétermination, avant de renoncer à ces exigences. Pour la "définition juridique" du terrorisme, le code de conduite renvoie aux travaux de l'Assemblée générale des Nations unies. Il exclut toute association entre "le terrorisme et une nation, une culture ou une religion".
Tony Blair, président en exercice de l'Union, s'est félicité de ce texte commun, selon lui "le plus fort qu'il soit possible d'obtenir" sur le terrorisme. En revanche, le premier ministre britannique a dû renoncer à avoir le soutien de tous les participants à une même déclaration finale, remplacée par une "déclaration de la présidence".
Celle-ci fait mention du "processus de paix au Proche-Orient", de la perspective de "deux Etats" et de la "feuille de route". Selon une source de l'Union européenne, le gouvernement israélien était opposé à l'évocation du processus de paix qui ne relève pas, selon lui, du processus euro-méditerranéen. Aux yeux des Européens — et des Arabes — il ne pouvait pas ne pas figurer dans ce texte, compte tenu de ses effets. Lors de la conférence de presse finale, le chef de l'exécutif britannique a minimisé l'importance de l'absence de déclaration commune et en a attribué la cause à la "bataille de mots" liée au conflit israélo-palestinien.
Par contraste, un terrain d'entente sur l'immigration, autre sujet au centre des négociations, a semblé plus simple à atteindre. Dans un troisième texte, le "programme de travail à cinq ans", les partenaires de l'Euromed s'engagent à "promouvoir les chances d'émigration légale" et à coopérer pour "réduire de façon significative le niveau d'émigration illégale".
Fait rare dans l'Hémicycle, les débats se sont déroulés de manière consensuelle entre le gouvernement, la majorité et le PS. Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a rendu hommage à cet esprit consensuel. "La lutte contre le terrorisme n'est apparue ni comme une affaire de la droite, ni comme une affaire de la gauche, mais au contraire il y a eu une continuité quels que soient les gouvernements pour renforcer l'arsenal juridique" antiterroriste, a-t-il relevé.
Au nom du Parti socialiste, Jacques Floch a déclaré : "En admettant les mesures prises pour tenter d'assurer la sécurité de nos concitoyens, nous sommes exigeants sur les limites législatives pour respecter l'état de droit." "En toutes responsabilités, nous nous abstenons sur ce texte", a-t-il ajouté. Seul Noël Mamère (Verts) a bataillé pied à pied contre ce texte "attentatoire au droit et liberticide".
VIDÉOSURVEILLANCE
Le texte criminalise l'association de malfaiteurs ayant pour objet la préparation d'actes de terrorisme, prévoit de développer la vidéosurveillance en facilitant l'implantation de caméras et l'enregistrement des images. Un amendement étend la possibilité pour les préfets de prescrire l'installation de videocaméras dans "les lieux et établissements ouverts au public" lorsqu'ils sont "particulièrement exposés à des actes terroristes", tels les grands magasins ou le métro.
Le texte oblige les cybercafés à conserver pendant un an toutes leurs données et impose aux compagnies de transports de fournir tous les renseignement dont elles disposent sur leurs passagers. Il augmente également le délai pendant lequel peut être prononcée la déchéance de la nationalité française, renforce la lutte contre le financement des activités terroristes par la procédure du gel des avoirs.
SIX JOURS DE GARDE À VUE
Plusieurs amendements ont été présentés par le rapporteur de la commission des lois, Alain Marsaud (UMP), ancien juge antiterroriste, la plupart visant à "muscler" le texte. L'un prévoit de porter de quatre à six jours la durée maximale de garde à vue en matière de terrorisme. Un autre permet aux enquêteurs, sous certaines conditions, de conserver l'anonymat. Un amendement du président de la commission, Philippe Houillon (UMP), supprime le conventionnement des chaînes de télévision extracommunautaires diffusées sur le satellite Eutelsat afin de faciliter d'éventuelles sanctions en cas d'incitation à la haine ou à la violence.
Le Sénat examinera à son tour ce projet de loi à la mi-janvier. Le nombre de navettes entre les deux assemblées sera réduit à une lecture, le gouvernement ayant demandé l'urgence sur l'examen de ce texte.
|
|||
Department of Public Information • News and Media Division • New York |
« NOTRE HUMANITÉ COMMUNE DOIT TRIOMPHER DES APPARENTES DIFFÉRENCES », DIT LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DANS SON MESSAGE À LA RÉUNION DE L’ALLIANCE DES CIVILISATIONS
(Publié le 6 décembre – retardé à la traduction)
On trouvera ci-après le texte du message du Secrétaire général Kofi Annan à la réunion du Groupe de haut niveau de l’Alliance des civilisations, dont S. Iqbal Riza, Conseiller spécial du Secrétaire général sur l’Alliance des civilisations, a donné lecture à Palma de Majorque le 27 novembre:
Je suis ravi d’adresser mes salutations les plus chaleureuses à cette première réunion du Groupe de haut niveau sur l’Alliance des civilisations.
Je remercie chacun d’entre vous d’avoir consacré du temps et des connaissances à cette initiative primordiale qui tombe à point nommé. Permettez-moi d’adresser des remerciements spéciaux aux Gouvernements espagnol et turc pour le lancement de cette initiative et pour leur appui sans faille.
Il est heureux que vous vous réunissiez en Espagne, terre riche de traditions islamiques et occidentales. Il y a 1 000 ans, la péninsule ibérique était connue pour être le foyer de brassage de l’Orient et de l’Occident. Cela a donné lieu à des hostilités et à des conflits. Mais ce sont l’acquisition et l’échange d’idées qui ont représenté le legs le plus durable, et ce pour le bien de l’humanité tout entière.
Malheureusement, nous devons vivre des siècles plus tard une période marquée par l’exacerbation de l’intolérance, de l’extrémisme et de la violence. La conjoncture de ces dernières années ne fait que peser sur les relations entre l’Orient et l’Occident. La compréhension entre les populations islamiques et occidentales s’en ressent fortement. Si l’on n’y prend garde, la stabilité de notre monde pourrait être mise en péril.
Votre groupe de haut niveau doit évaluer cette évolution inquiétante de la situation. Et il doit proposer des mesures collectives propres à désamorcer ces tensions. Vos horizons et vos expériences divers illustrent parfaitement ce à quoi nous devons tendre : une alliance des forces sociales, politiques et civiles pour contrer les politiques et mesures qui isolent les cultures et les sociétés les unes des autres. C’est en cherchant ainsi à conjuguer nos efforts que nous pourrons faire disparaître chez l’extrémiste et le terroriste ce mécontentement et cette défiance qui leur servent d’oxygène.
La tâche est ardue. Il serait facile de se perdre dans des généralités ou d’adopter des positions inflexibles et intransigeantes. Je suis convaincu que vous saurez éviter ces pièges.
Votre objectif premier est évident : notre humanité doit triompher des apparentes différences. Nous vivons dans un monde unique. Nous n’avons d’autre choix que de nous comprendre et de nous respecter, de vivre ensemble en paix et de bâtir une communauté d’esprit grâce à ce que nous avons de meilleur dans nos traditions respectives.
Car tout bien considéré, vos travaux ne servent pas que l’Alliance des civilisations. Ils contribuent aussi à l’édification d’une civilisation mondiale pour les membres de toutes sociétés.
Nous attendons beaucoup de vous. Je remercie chacun de vous de sa diligence, et vous souhaite plein succès dans vos travaux.
(1) Algérie, Autorité palestinienne, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie.
Ce rendez-vous était co-organisé par l’Espagne (pays hôte) et par la Grande-Bretagne (président en exercice de l’Union Européenne). A ce titre, le Premier ministre britannique s’est voulu résolument optimiste, à l’issue des deux jours de débats. Tony Blair a qualifié le sommet de «grand moment». Mais cet enthousiasme n’est pas franchement partagé par les observateurs. Pour preuve : aucune déclaration commune n’a été adoptée à l’issue du sommet. Seulement une déclaration de la présidence. En langage diplomatique, cette distinction est lourde de sens : il n’y a pas eu de consensus général.
Deux textes paraphés
Principal point d’achoppement : la question du terrorisme. Pour tous les participants, le sujet est source de préoccupation, parfois au quotidien. Mais sa définition pose problème. Israéliens d’un côté et pays arabes de l’autre n’accordent pas le même sens au mot «terrorisme». Dans ces conditions, difficiles de s’entendre sur une résolution commune. Les participants ont simplement réussi à adopter un «code de bonne conduite», dans lequel ils reconnaissent que «le terrorisme ne peut jamais être justifié». Une fois de plus, disent les experts, les tensions au Proche-Orient auront handicapé les perspectives de partenariat euro-méditerranéen.
L’autre texte paraphé à Barcelone est un «programme de travail» à cinq ans. Il évoque, pour les cinq années à venir, la poursuite des objectifs définis déjà en 1995 : la démocratisation, la bonne gouvernance et la libéralisation économique. L’idée d’une zone de libre-échange pour les produits industriels, qui verrait le jour en 2010, est maintenue, même si de nombreux observateurs jugent cette perspective irréalisable.
Ce «programme de travail» aborde aussi la question de l’immigration. Comme pour le terrorisme, le sujet est source de préoccupation pour tous les participants. Les récents drames humanitaires dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc ont justifié les longues discussions. Sans réelle mesure concrète, les partenaires de l’Euromed se sont engagés à «promouvoir les chances d’émigration légale», et à coopérer pour «réduire de façon significative le niveau de l’émigration illégale», ainsi que le «trafic» des personnes vivant dans la région. Ces mêmes participants pourraient se retrouver au Maroc, au printemps, en compagnie de plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne pour une conférence spécifique consacrée à l’immigration.
«Réelle déception» au Sud
Au lendemain de ce sommet de Barcelone, les avis sont plus que mitigés. Les médias en Europe soulignent le caractère minimaliste des engagements pris. Le quotidien économique français Les Echos parle de «résultats décevants», d’un «texte édulcoré». Le journal Libération évoque une «ambiance de fiasco». L’éditorialiste du quotidien espagnol La Vanguardia décrit «une divergence de fond : les Etats du Sud demandent davantage d’aides, alors que ceux du Nord veulent subordonner (ces aides) à des avancées sur le plan de la démocratisation». Cette analyse est amplifiée dans la bouche du ministre d’Etat algérien, Abdelaziz Belkhadem : «Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques euros. Qu’ils gardent leurs euros car nous voulons des réformes dans un cadre de souveraineté». Ces propos sont repris ce mardi dans la presse algérienne. Le Quotidien d’Oran regrette que «les dix ans de partenariat euro-méditerranéen n’(aient) pas été à la hauteur des attentes espérées». Pour El Watan, ce sommet de Barcelone avait presque des airs de «chronique d’un échec annoncé». Enfin, selon le journal El-Moudjahid, pro-gouvernemental, c’est une «réelle déception».
Qu’attendre alors pour les prochaines années ? Si les optimistes veulent encore croire qu’un pont est possible, souhaitable entre les deux rives de la Méditerranée, les plus pessimistes ne se font pas d’illusions. Ainsi Sami Naïr, professeur de science politique à l’Université de Paris-VIII. Dans une tribune libre publiée dans le quotidien Libération, il pense que «la stratégie de Barcelone est condamnée à disparaître dans les trois années qui viennent au nom d’une nouvelle approche baptisée plus justement de «grand voisinage», dans laquelle la Tunisie et le Maroc, le Liban et Israël, etc. seront associés à l’Europe au même titre que… la Moldavie, l’Ukraine et la Russie !»
Olivier Péguy Article publié le 29/11/2005
RADIO FRANCE
Lutter contre le terrorisme et l'immigration illégale
Des discussions serrées. Ce sommet, de moins de 24 heures, visait
officiellement à donner un second souffle au "processus de Barcelone", un "partenariat
euro méditerranéen" lancé en 1995 dans la métropole catalane pour faire de la
Méditerranée une "zone de paix et de prospérité". Mais, après les nouveaux
attentats survenus à Amman en Jordanie et surtout les images choquantes des
récents assauts contre des migrants africains dans les enclaves espagnoles de
Ceuta et Melilla, au Maroc, la priorité des Chefs d'Etat et de gouvernement est
bien la lutte contre le terrorisme international et l'immigration illégale.
L'adoption, notamment, d'un code controversé de "bonne conduite antiterroriste",
est en discussion.
De nombreux absents. Le président français Jacques Chirac, la chancelière
allemande Angela Merkel, dont c'est le premier sommet, et les co-organisateurs
de la réunion, le Premier ministre britannique Tony Blair, qui préside l'UE et
le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, assistent à ce
sommet. Mais il y a de nombreux absents du côté des 10 partenaires de l'Euromed,
à commencer par les présidents libanais et syrien, Emile Lahoud et Bachar al-Assad,
écartés par Londres en liaison avec l'assassinat de l'ex-premier ministre
libanais Rafic Hariri. Hosni Moubarak a également annulé son déplacement. C'est
pourtant le président égyptien qui avait lancé, dès 1991, l'idée de la
coopération euro-méditerranéenne. Et Abdelaziz Bouteflika, le président algérien,
qui subit des examens médicaux à Paris, sera aussi absent. Pour Londres, le
sommet doit pourtant être "une date clé dans la lutte contre le terrorisme",
avec l'adoption du code de bonne conduite. Mais la définition précise du terme
terrorisme fait toujours débat. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr
Moussa, a estimé vendredi à Barcelone qu'il ne fallait pas confondre le meurtre
aveugle de "civils innocents" avec la "résistance à des forces d'occupation".
L'échec du "processus de Barcelone". L'Espagne attend pour sa part des
décisions concrètes sur le contrôle de l'immigration subsaharienne et l'aide
financière aux pays d'émigration et de transit. José Luis Rodriguez Zapatero
souhaite également promouvoir son grand projet "d'Alliance des Civilisations",
occidentale et musulmane, avec l'ambition de miner les fondations du terrorisme
islamiste. De nombreux spécialistes et leaders politiques ont dressé à la veille
du sommet un constat d'échec relatif du "processus de Barcelone", lancé il y a
dix ans dans l'euphorie des accords d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens. Et
le fossé économique s'est élargi entre nord et sud de la Méditerranée, en dépit
des 20 milliards d'euros d'aides de l'UE. Les experts estiment déjà irréaliste
l'objectif de créer avant 2010 une zone de libre échange pour 700 millions de
consommateurs en Europe et autour de la Méditerranée.
Manifestations. Outre les 25 membres de l'UE et l'Autorité palestinienne,
neuf partenaires --Turquie, Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc,
Syrie et Tunisie-- participent au sommet ainsi que quatre pays associés ou
observateurs, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la Mauritanie. Un
important dispositif de sécurité, avec 6000 agents appuyés selon les médias
espagnols par des avions Awacs de l'Otan est en place depuis hier. Hier,
plusieurs milliers de personnes ont manifesté, en se déclarant opposées à "la
Méditerranée du capital et de la guerre". Ils devaient tenter d'approcher en fin
d'après-midi le Centre des Conventions où se tient le sommet dans un quartier
excentré de Barcelone. Parmi les manifestants figuraient des défenseurs de
l'indépendance du Sahara Occidental, des immigrants demandant la régularisation
des sans-papiers ou encore des groupe pro-palestiniens, des militants Verts et
des représentants catalans de l'organisation alter-mondialiste ATTAC.
BARCELONE (Reuters) - L'absence des dirigeants arabes au premier sommet euro-méditerranéen de l'histoire illustre toute la difficulté de relancer une coopération marquée par la méfiance et l'incompréhension.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, avait vanté avant la réunion les mérites du "processus de Barcelone", dont on fête en 2005 le dixième anniversaire.
"Le simple fait de rassembler 35 gouvernements au plus haut niveau ne devrait pas être pris à la légère", avait-il dit face aux critiques émises contre les lacunes de la coopération.
Mais la fête d'anniversaire n'a pas du tout eu l'éclat souhaité: si, du côté européen, les Vingt-Cinq étaient au complet, seules la Turquie et l'Autorité palestinienne (AP) étaient représentées au plus au haut niveau à Barcelone.
Si l'on ne tient pas compte du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays négocie son adhésion à l'UE et est donc dans un camp à part, les dirigeants européens se sont déplacés pour rencontrer Mahmoud Abbas, président sans Etat, ainsi que des Premiers ministres ou des ministres des Affaires étrangères qui ne concentrent pas le pouvoir dans leurs mains.
"Il y a une déception parce qu'ils ont laissé tomber l'Europe", a déclaré dimanche un diplomate en parlant d'"occasion manquée". "L'Europe a tourné la tête de l'Est vers le Sud et le Sud n'a pas répondu au niveau qu'elle méritait".
Les présidents syrien et libanais n'ont pas été invités en raison de l'enquête de l'Onu après l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri.
"DOMMAGE"
Mais l'Egyptien Hosni Moubarak et l'Israélien Ariel Sharon se sont absentés en raison de la situation politique en Israël et ni le roi du Maroc, ni celui de Jordanie ne se sont pas déplacés à Barcelone, où leur présence aurait été un symbole.
Le Tunisien Zine ben Ali n'a pas voulu recevoir de leçons de démocratie des Européens, ont indiqué des diplomates arabes.
La malchance s'est est mêlée: le président algérien Abdelaziz Bouteflika est hospitalisé à Paris depuis samedi.
Des deux côtés, on tente de minimiser ces absences.
"C'est dommage", a reconnu la commissaire européenne aux Relatons extérieures, Benita Ferrero-Waldner, qui appelé à "examiner la substance, pas qui est là ou qui n'est pas là".
Mais les difficultés éprouvées par les deux parties pour se mettre d'accord sur une déclaration commune sur le terrorisme montrent à elles seules le gouffre qui les sépare.
Les pays arabes veulent d'abord une définition du terme - ils estiment que la résistance à l'occupation israélienne des territoires occupés est légitime et doit être évoquée -, alors que pour l'UE tout acte de cette nature est condamnable.
Cette divergence démontre que, sans résolution du conflit israélo-palestinien, l'objectif de créer une zone de paix et de prospérité autour de la Méditerranée restera inachevé.
"Le terrorisme n'est pas le chemin vers cette solution c'est un obstacle", a dit le Premier ministre britannique Tony Blair lors d'une conférence de presse conjointe avec Mahmoud Abbas, qui l'a appuyé: "cela rend (le problème) plus difficile".
Devant les obstacles, le sommet de Barcelone devrait insister sur les progrès réalisés depuis dix ans et sur un plan d'action pour relancer le processus de Barcelone.
UN "SIGNAL" À BARCELONE?
"Il faut que de ce sommet vienne le signal que les pays européens et méditerranéens ont besoin les uns des autres", a expliqué la chancelière Angela Merkel, selon laquelle "sans perspective économique" la démocratie n'existera pas.
Jacques Chirac s'est efforcé de plaider pour un rapprochement entre les cultures et les religions lors d'une réunion consacrée à l'Alliance des civilisations.
"N'acceptons pas le piège que nous tendent ceux qui veulent opposer les hommes, leurs croyances, leurs traditions", a-t-il déclaré lors de cette rencontre préalable au sommet.
En 10 ans, l'UE a conclu avec tous ces pays des accords d'association - pour la Syrie, sa signature attend pour des raisons politiques - qui permettent à leurs produits industriels d'entrer sans droits de douane sur le territoire européen.
L'objectif est de créer une zone de libre-échange euro-méditerranéenne à l'horizon 2010 et les négociations commenceront dès l'an prochain pour y inclure les produits agricoles et les services qui intéressent surtout ces pays.
Vingt milliards d'euros - 9 milliards de dons et 11 milliards de prêts - ont été accordés à la région depuis 1995, à des projets qui vont de l'éducation à l'assainissement des eaux usées en passant par le soutien à l'économie palestinienne.
Le plan d'action pour cinq ans se veut aussi ambitieux.
Un "fonds de gouvernance" récompensera les bons élèves en la matière, l'accent sera mis sur l'éducation avec le financement accordé à des étudiants du Sud pour étudier en Europe et les Vingt-Cinq apporteront leur aide à des mesures de contrôle de l'immigration illégale afin d'éviter des drames humains.
Fuente: © Présidence de la République Française
/noticias.info/ Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de gouvernement,
A la veille du premier sommet euro-méditerranéen, nous nous retrouvons pour un
moment de réflexion sur l'Alliance des civilisations. Je m'y associe volontiers
car j'y vois, comme je l'avais dit à l'UNESCO au lendemain des attentats du 11
septembre 2001, une urgence de notre temps.
Certains croient devoir prophétiser un choc des civilisations où l'on verrait
s'affronter cultures et religions. Leur discours se nourrit de toutes les peurs.
N'acceptons pas le piège que nous tendent ceux qui veulent opposer les hommes,
leurs croyances, leurs traditions. Faisons valoir une volonté politique et
morale : celle de la raison et de la tolérance.
Sur quels principes fonder l'Alliance à laquelle vous nous invitez, Cher
José-Luis ? J'en verrais quatre.
Le premier est l'égale dignité de toutes les cultures, et leur capacité à
s'enrichir les unes les autres. Le processus de Barcelone est à cet égard,
depuis dix ans, un creuset irremplaçable d'échanges et de rencontres.
Le deuxième est la reconnaissance de la diversité culturelle. La diversité des
cultures, des langues, des traditions, est menacée par l'effet de laminoir de la
mondialisation. C'est l'une des raisons de la crispation identitaire qui se
manifeste dans le monde contemporain. La défense de la diversité est désormais
inscrite dans le droit international grâce à la signature récente de la
convention de l'UNESCO. Il s'agit d'en faire vivre les dispositions en
reconnaissant le droit de chaque pays à mener les politiques culturelles qui lui
semblent les plus conformes à son génie et en soulignant que les biens culturels
ne sont pas des marchandises.
Le troisième principe est évidemment le respect. Respect de l'autre, en
l'acceptant dans sa différence, ce qui n'est pas la démarche naturelle des
sociétés humaines. Respect de soi, qui passe à la fois par la confiance dans son
identité et par l'aptitude à porter un regard lucide sur le passé. Respect des
valeurs universelles, qui transcendent les expériences historiques, afin que
soient affirmés les droits imprescriptibles de chacun.
Le dernier principe est la solidarité. Les sociétés européennes sont fondées sur
cette exigence. C'est le fruit de durs combats. A l'heure de la mondialisation,
c'est-à-dire d'un monde où l'information se diffuse instantanément, cette
exigence est l'un des éléments indispensables d'une authentique Alliance, le
garant de l'égalité véritable entre les hommes de toutes origines.
Dans un monde troublé et qui se cherche, l'Alliance des Civilisations mérite
notre appui. La France y participera activement, parce qu'elle est conforme à
l'humanisme et par là même vecteur de paix et de progrès.
Je vous remercie.
Le texte ci-dessous est un communiqué officiel
diffusé par
le service News Press. Il n'engage en rien La Tribune. Communiqué reçu le
28/11/05 à 12:27
Présidence de la République - INTERVENTION DE MONSIEUR JACQUES CHIRAC, PRESIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, A L'OCCASION DU SOMMET EURO-MÉDITERRANÉEN
Emetteur : Présidence de la République
Monsieur le Premier ministre, cher Tony,
Monsieur le Président du Gouvernement espagnol, cher José-Luis,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
En dix ans, le partenariat euro-méditerranéen, seule enceinte réunissant
l'ensemble des pays riverains, a conquis sa légitimité. Un espace commun s'est
créé, riche de flux humains, économiques et culturels. Un dialogue de sécurité
et de défense s'y déroule. Des accords d'association y ont été conclus qui ont
permis un début d'intégration régionale. D'importants moyens financiers ont été
mis en oeuvre.
Cette légitimité, le processus de Barcelone l'a acquise par sa démarche
spécifique : c'est un partenariat fondé sur l'égalité et un dialogue continu ;
c'est un grand projet mobilisateur, créant une synergie entre ses volets
politique, économique et culturel, au service d'une dynamique de coopération et
de réforme.
Aujourd'hui, de nouvelles urgences s'imposent.
Les deux rives aspirent à davantage de sécurité, en particulier contre le
terrorisme. Le code de conduite que nous allons adopter confirme notre
engagement commun contre des pratiques barbares qui dévoient les causes qu'elles
prétendent servir. La lutte contre le terrorisme, dans le respect des droits de
l'Homme et de l'état de droit, nous rassemble et doit nous conduire à renforcer
nos instruments de coopération policière et judiciaire.
Les deux rives aspirent à plus de croissance. La zone de libre-échange à
laquelle nous travaillons est un projet ambitieux mais ne suffira pas. Il faut
promouvoir les investissements, améliorer l'environnement des affaires, agir
pour la formation, encourager les programmes de recherche, développer les
initiatives renforçant la coopération Sud-Sud, comme l'accord d'Agadir dont je
salue la prochaine entrée en vigueur. C'est ainsi que nous parviendrons, à terme,
à donner toute sa dimension à la communauté économique euro-méditerranéenne que
nous voulons.
Nous devons aborder la question migratoire dans ce même esprit de responsabilité
partagée. Elle appelle une coopération globale et équilibrée avec nos
partenaires du continent africain. Avec l'Espagne et le Maroc, nous avons fait
des propositions pour renforcer notre coopération sur les migrations,
l'intégration sociale, la justice et la sécurité.
Les deux rives aspirent à plus de démocratie et à une meilleure gouvernance.
C'est l'appel des peuples, le mouvement du temps, l'ambition des gouvernements
réformateurs. Des engagements collectifs doivent être pris, dont l'importance
justifie la mobilisation de moyens supplémentaires. C'est l'objet de la facilité
financière que va créer l'Europe. Un instrument d'un partenariat ambitieux avec
les pays de la rive sud. Au service des droits de l'homme, de la gouvernance et
de l'Etat de droit.
La Méditerranée doit demeurer une priorité stratégique pour l'Europe. A ceux qui
s'inquiètent de l'équilibre de ses politiques entre l'Est et le Sud, ce sommet
offre l'occasion de confirmer nos choix : la poursuite des engagements européens
en faveur de la Méditerranée doit être assurée.
Il nous faut en premier lieu introduire une meilleure réciprocité dans la
relation entre les deux rives : mettre en oeuvre par exemple, dans des secteurs
comme l'enseignement supérieur, l'eau ou les migrations, des modes de
coopération qui s'inspirent des fonds structurels.
Nous devons être plus efficaces, introduire dans notre partenariat le concept
européen de coopérations renforcées, pour que les pays les plus intéressés
puissent aller de l'avant.
Enfin, nous devons préserver la spécificité et l'autonomie de l'approche
européenne, ce qui n'empêche pas une concertation entre le partenariat euro-méditerranéen
et les autres initiatives lancées dans la région.
Notre partenariat prendra tout son sens s'il est aussi un des lieux du dialogue
et de la coopération pour traiter des problèmes qui ont empêché d'aller plus
loin. L'Union doit s'investir davantage dans la recherche d'un règlement de paix
au Proche-Orient.
Quels instruments pour une ambition renouvelée?
La question institutionnelle se pose : la relance du partenariat pourrait
justifier d'explorer de nouvelles pistes comme l'instauration d'un secrétariat
politique paritaire ou d'un mécanisme renforcé de dialogue politique au niveau
des ministres des Affaires étrangères.
Nous devons aussi réfléchir à nos instruments financiers : non seulement pour
maintenir les engagements de l'Union, c'est-à-dire ne pas consacrer moins des
deux tiers des ressources du nouvel instrument de voisinage à la coopération
méditerranéenne, mais aussi pour mobiliser des moyens supplémentaires, en
particulier pour la coopération sur les migrations. A terme s'imposera une
Banque de développement dédiée à la Méditerranée. Elle pourrait, dans un premier
temps, prendre la forme d'une structure filiale de la BEI, ouverte aux capitaux
publics et privés du Sud.
Je préconise le renforcement de la concertation avec la société civile,
notamment les entreprises et les ONG. La réunion de Luxembourg, en avril
dernier, a donné le coup d'envoi au nouveau forum. Veillons à ce qu'il dispose
de moyens à la mesure de son importance. Organisons, avec lui, une série de
conférences associant les sociétés civiles des pays euro-méditerranéens. La
France est prête à accueillir la première. Elle souhaite aussi que nous allions
plus loin dans notre dialogue culturel et invite les partenaires à participer en
2006 à un "atelier culturel méditerranéen" qui rassemblera créateurs, penseurs
et décideurs de nos pays.
La déclaration et le plan d'action que nous allons adopter vont marquer le
renouveau de notre partenariat. Je suggère que la prochaine réunion
ministérielle soit consacrée, entre autres, à l'examen des propositions
institutionnelles et financières que je viens d'esquisser.
Je vous remercie.
Le Matin.ma 28.11.2005 | 14h42
Une déclaration de présidence remplace la déclaration commune
La polémique était nette, au dernier jour du sommet des chefs d'Etat euro-méditerranéens
au sujet du "code de conduite" antiterroriste. Point de discorde entre
partenaires arabes et européens, un passage du document faisant référence au
rejet du terrorisme "quelles que soient ses causes". Une mention que les pays
arabes veulent nuancer pour légitimer les cas de résistance armée à un occupant.
Le conflit israélo-palestinien continue ainsi d'être le principal point de
blocage du Processus de Barcelone, confortant les résultats de l'analyse
réalisée en cette année 2005 par l'Institut euro-méditerranéen (IEMed).
Les pays arabes suggèrent, par ailleurs, que la déclaration finale du sommet
fasse référence à l'occupation israélienne des territoires palestiniens depuis
1967 et au "droit à l'autodétermination et à la résistance". Une idée à laquelle
Israël oppose une résistance.
L'intransigeance israélienne met dans l'embarras les hôtes de ce sommet que l'on
veut historique. Un échange de propos entre le chef de gouvernement espagnol,
qui avait omis de fermer son micro en début de plénière, hier matin, avec son
directeur des relations internationales à la Moncloa, est ainsi révélateur. "Ca
ne va pas très bien sur les textes, on est en train d'essayer de conclure
quelque chose", dit M. Zapatero. "Il faut conclure, à n'importe quel prix !",
répond l'autre, ajoutant d'un ton pressant "je dois te demander de faire une
démarche auprès de Tony Blair, ils sont sur le point de jeter l'éponge".
Evoquant le blocage sur le terrorisme, M. Casajuana ajoute: "ce qu'il y a, c'est
que les Israéliens sont intraitables, que ça fait six mois qu'ils n'acceptent
pas le texte, et les autres sont bien tranquilles parce qu'ils disent que c'est
la faute d'Israël". Les ministres des Affaires étrangères, qui s'étaient attelés
dimanche soir à ce contentieux, se sont séparés dans la nuit sans trouver de
solution.
Le gouvernement espagnol s'est, pourtant, voulu rassurant en déclarant hier à la
presse que les partenaires ont "beaucoup avancé" dans leurs discussions sur les
points de divergence. Les objectifs sont ainsi revus à la baisse et la recherche
d'un équilibre minimum sur la question de définition du terrorisme restait, de
fait, l'unique alternative.
Mais les équilibres semblent improbables. Rien n'y fait, ni même les appels
incessants de José-Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement hôte de la
rencontre et Tony Blair, dont le pays préside le conseil de l'UE, au consensus
sur la lutte contre le "terrorisme, qui nous a tous frappés". "Notre succès est
vital", écrivaient les deux responsables de gouvernement dans un article paru
lundi dans le quotidien "El Pais". L'absence de consensus sur le "code de
conduite" anti-terroriste reste évidente et risquait, selon certains, de faire
capoter l'ensemble des déclarations communes et ne laisser à la co-présidence
espagnole et britannique que l'alternative d'une "déclaration de la présidence"
au fort parfum d'échec collectif.
Ce qui arriva effectivement et que le chef de la diplomatie italienne Gianfranco
Fini désignera comme étant "une occasion manquée". De fait, le Secrétaire d'Etat
chargé de la communication, Fernando Moraleda, admettait lors d'un point de
pesse, hier à Barcelone, "l'énorme complexité" du sommet. " Nous agissons dans
un contexte énormément complexe où il faut trouver des équilibres, également
complexes, entre réformes, lutte contre le terrorisme, compromis politique et
déclarations ", a résumé le Secrétaire d'Etat espagnol aux affaires étrangères,
Bernardino Léon.
Les choses auraient été plus aisées en ce qui concerne la question migratoire,
autre terme délicat et central du sommet de Barcelone. Les partenaires étaient
parvenus à un accord dès le premier jour des travaux. Le consensus des
participants était ainsi total sur le document préparé à ce sujet et un plan
d'action en cinq ans qui concerne notamment la régulation de l'immigration
clandestine est ainsi finalisé. Défi commun pour toute la région, ce dossier
serait désormais abordé tant sous l'angle de contrôle des frontières que d'aide
au développement des pays d'émigration.
C'est du moins la grande résolution de Barcelone, obtenue sous grande pression
du gouvernement espagnol qui subit de plein fouet les conséquences de
l'émigration clandestine. José Luis Rodriguez Zapatero, par ailleurs, déterminé
à réussir ce test de passage et marquer de son empreinte le Processus de
Barcelone, a dès lundi lancé son grand projet sur " l'Alliance des civilisations
". Le chef du gouvernement espagnol conduisait, dès dimanche, une réunion avec
tous les participants au sommet pour les informer sur le projet qu'il a
formellement lancé plus tôt dans la journée à Palma de Majorque (Baléares) avec
M. Erdogan.
Le groupe de haut niveau de l'Onu mis en place le jour même devra proposer des
"solutions concrètes" pour fomenter le dialogue entre l'islam et l'Occident,
avec pour ambition saper les "prétextes de légitimation" du terrorisme islamiste.
Au total, ce sont trois textes qui devront sortir du sommet de relance du
processus de Barcelone. Le plan d'action jusqu'en 2010 au niveau politique,
économique et social et qui inclut le chapitre sur les migrations. Le code de
conduite anti-terroriste et la déclaration politique du sommet, tous deux objet
de négociations ardues.
Les espagnols veulent bien dans la détermination de la rencontre à traiter les
sujets, à la fois sensibles et d'actualité, de l'émigration clandestine et du
terrorisme comme une avancée en soi.
Si le volet politique a été un grand handicap du processus de partenariat euro-méditerranéen,
la réussite, pour le moins relative, du volet économique est présentée comme un
facteur d'espoir donnant toute sa raison d'être à ce projet. Le président
français Jacques Chirac a, par ailleurs, affirmé que les pays du sud de la
Méditerranée devaient "demeurer une priorité stratégique pour l'Europe",
appelant en particulier à maintenir les engagement financiers de l'Union
européenne.
Il faut non seulement "maintenir les engagements financiers de l'Union,
c'est-à-dire ne pas consacrer moins des deux tiers des ressources du nouvel
instrument de voisinage à la coopération méditerranéenne, mais aussi (...)
mobiliser des moyens supplémentaires, en particulier pour la coopération sur les
migrations", a-t-il dit. M. Chirac estime que, "à terme, s'imposera une Banque
de développement dédiée à la Méditerranée" qui pourrait dans un premier temps
prendre la forme d'une filiale de la Banque européenne d'investissement (BEI).
La création a été annoncée d'un fonds d'investissement destiné au pays du
Maghreb.
Khadija Ridouane | LE MATIN
Le texte ci-dessous est un communiqué officiel
diffusé par
le service News Press. Il n'engage en rien La Tribune.
Présidence de la République - Conférence de presse du Président de la République à l'issue du sommet euro-Méditérranée à Barcelone
Emetteur : Présidence de la République
Mesdames, Messieurs,
Le Sommet a été un peu plus long que prévu et je vais tout d'abord remercier
Barcelone ; la ville des prodiges a été tout à fait digne de sa réputation,
l'accueil qui nous a été réservé a été parfaitement organisé, chaleureux. Je
voudrais remercier avec la même chaleur le Chef du Gouvernement espagnol, M.
ZAPATERO, et remercier également Sa Majesté le Roi qui nous a accueilli hier de
façon particulièrement agréable, et puis, en règle générale, nos amis espagnols.
Nous avons fait un pas de plus vers notre objectif qui est de faire de la
Méditerranée un trait d'union, et non pas une barrière, et pour avoir une aire
de paix, de stabilité et de progrès, à la fois économique et humain. De ce point
de vue, je crois que le résultat a été tout à fait positif et cette affaire a
été bien conduite par la présidence britannique. Sur le plan politique, nous
avons adopté le code de conduite contre le terrorisme qui prévoit notamment une
coopération judiciaire et policière, positive et nécessaire. Sur la mise au
point des instruments nécessaires pour appuyer les réformes dans le domaine de
la démocratie et dans le domaine des droits de l'Homme, là aussi, un nouveau pas
a été acquis.
Sur le plan économique, c'est la réaffirmation des objectifs de la zone de libre-
échange à l'échéance de 2010, souhaitables et importants, qui est confirmée.
C'est aussi l'accentuation, la confirmation de l'engagement financier de l'Union
européenne à l'égard de l'ensemble méditerranéen puisque, comme vous le savez,
les programmes MEDA, comme d'ailleurs les programmes TACIS intéressant les pays
de l'ex-Union soviétique, vont trouver leurs échéances avec les nouvelles
perspectives financière et le nouveau budget. Va se poser le problème du nouvel
instrument de voisinage qui nous permettra de participer à cette évolution de la
zone méditerranéenne.
Pour ce qui la concerne, la France a rappelé l'importance qu'elle y attachait,
et notamment qu'elle attachait au principe deux tiers un tiers qui avait été
celui des programmes MEDA et dont nous pensons qu'il est indispensable d'en
confirmer la quotité, à l'occasion des programmes du nouvel instrument de
voisinage.
Il y a eu également des propositions -c'était une proposition française mais qui
a été reprise notamment par la présidence espagnole et par la présidence
britannique- de créer une banque euro-méditerranéenne de développement qui, au
moins au départ, pourrait être en quelque sorte une filiale de la Banque
européenne d'investissements, avec la capacité à avoir les dépôts de fonds
publics ou privés des pays méditerranéens.
Enfin, sur la démarche globale face aux migrations, on a également progressé
avec le renforcement de la lutte contre l'immigration clandestine et en
particulier contre tous les trafics auxquels cette immigration, hélas, donne
lieu. Et aussi la multiplication des indispensables projets de co-développement
si l'on veut éviter que des hommes, des femmes, parfois des enfants ne quittent
leur terre, au motif qu'ils ne peuvent pas y vivre. Il est indispensable de
donner à ces régions, notamment celles qui sont de façon croissante désertifiées,
la possibilité de faire vivre les hommes et les femmes qui ont vocation à y
vivre et qui ne les quittent que parce qu'ils ne peuvent pas y vivre.
Dans le domaine culturel, nous avons approuvé le programme global en faveur de
l'éducation et en faveur du dialogue des cultures.
Pour ma part, j'ai fait trois propositions qui ont été, je crois, retenues, pour
renforcer notre partenariat euro-méditerranéen. D'une part, la création d'un
secrétariat permanent qui me paraît maintenant se justifier, après dix ans
d'expérience. D'autre part, pour permettre des coopérations renforcées, un peu à
l'image de ce qui existe ou de ce qui existera, je l'espère, et se développera,
au niveau de l'Union européenne, c'est-à-dire que quelques pays qui sont
particulièrement motivés pour aller dans une direction donnée puissent le faire.
Et aussi l'organisation d'une réunion régulière des ministres des Affaires
étrangères pour donner toute son ampleur à ce mouvement.
Je vous rappelle que le plan d'action a été adopté, de même que le code de
conduite contre le terrorisme et que la présidence britannique va faire, au nom
de tout le monde, une déclaration générale. Voilà pour ce qui concerne ce qui
s'est passé, et je suis tout prêt à répondre à telle ou telle question.
QUESTION - Je voudrais savoir si le fait que vous ayez refusé de faire
des compromis sur la PAC n'aura pas été à l'origine de l'échec du Conseil
européen sur le budget. ?
LE PRESIDENT - Je ne suis pas sûr que l'interrogateur ait tout à fait
compris le sens de cette réunion aujourd'hui qui n'était, dans l'esprit de
personne, consacrée à parler des perspectives financières. En cela, vous faites
une confusion. C'est le 15 décembre qu'aura lieu le Conseil à ce sujet.
Aujourd'hui, c'était le problème euro-méditerranéen. Mais, on peut toujours se
tromper...
QUESTION - Monsieur le Président, sur le problème du terrorisme et de
l'émigration, est-ce que vous avez eu le sentiment, qu'on a pu constater ici,
que ce Sommet a permis des avancées des deux côtés, entre l'Union européenne et
les pays arabes, et même entre Israël et les pays arabes ?
LE PRESIDENT - Oui, j'en ai vraiment l'impression. Nous progressons dans
ce domaine, déjà depuis un certain temps, notamment avec les pays arabes qui,
hélas, je le rappelle, sont autant que nous victimes d'actes terroristes. Par
conséquent, nous sommes mobilisés pour essayer de maîtriser ces phénomènes que
rien ne peut justifier. Donc, sur ce point, il y a une vraie coopération, il y a
une vraie analyse commune qui se traduit notamment par le fait que notre
coopération judiciaire et notre coopération policière vont être encore
renforcées et cela, c'est vrai entre les pays arabes et les pays européens. Je
n'ai pas décelé de divergences de vues sur ce point. D'ailleurs, le texte sur la
coopération contre le terrorisme a été, dès le départ, approuvé par tout le
monde. Ensuite, naturellement, il a fallu le mettre au point, dans le détail.
Mais il a été approuvé par tout le monde et c'est heureux.
QUESTION - Monsieur BLAIR a dit qu'il a eu l'opportunité de parler avec
Monsieur ZAPATERO sur le budget européen. Il veut dès maintenant entamer la
discussion sur le budget européen avec les nouveaux membres, avec l'idée de
réduire le montant total du budget européen. Avez-vous eu l'opportunité de
discuter avec Monsieur Tony BLAIR de ce sujet, dans les couloirs, et quelle est
votre position sur cette proposition ?
LE PRESIDENT - Vous savez, la Grande-Bretagne a une mission extrêmement
difficile. Puisque, comme vous le savez, elle est relativement isolée, je dis
bien relativement, sur l'affaire des perspectives financières. Je ne doute pas
un seul instant de la volonté de Monsieur Tony BLAIR de trouver une solution qui
soit acceptable pour tous, dans la mesure où il a bien conscience que les vingt
cinq Européens veulent arriver à un accord, à l'occasion du prochain conseil.
Alors, nous n'avons pas parlé de cela. J'ai assisté aux entretiens, puisque
j'étais en face d'eux, entre Monsieur ZAPATERO et Monsieur BLAIR. Il n'était pas
question de parler du fond des choses. Ce n'était pas le sujet d'aujourd'hui et
il y avait des problèmes autres qui devraient être examinés. Monsieur BLAIR
multipliera les contacts avec l'ensemble des Européens dans le cadre de la
préparation de ces propositions d'une part, et du prochain Conseil européen, qui
aura lieu à Bruxelles, sur ce sujet.
QUESTION - On a vu pas mal de choses dans la presse britannique ce matin,
où l'on disait que ce que Tony BLAIR proposait n'entraînerait pas de réformes à
court terme de la PAC. Est-ce que vous considérez que c'est une victoire pour la
politique française, est-ce que vous pensez que c'est un pas en avant pour
avancer sur le sujet du budget ?
LE PRESIDENT - Le fait de ne pas remettre en cause des accords qui ont
été entérinés par l'ensemble de l'Union européenne est évidemment, à mes yeux,
important. Mais je ne m'imagine pas que l'on puisse remettre ces accords en
cause. Ceci étant, j'attends que la présidence britannique fasse ses
propositions. Et je suis sûr qu'elle fait beaucoup d'effort actuellement pour
trouver la meilleure issue possible à la difficulté que nous connaissons.
QUESTION - Monsieur le Président, on a constaté aujourd'hui, quand le
ministre des Affaires étrangères syrien a parlé, qu'il y avait beaucoup de Chefs
d'Etats européens absents, dont vous. Est-ce à dire que les Européens ne sont
pas contents de la coopération syrienne avec le juge MELHIS dans l'enquête qui
se passe ? Et est-ce que vous pensez que demain, l'interrogatoire par le juge
allemand des cinq Syriens va aboutir à l'arrestation ou au jugement des
coupables ?
LE PRESIDENT - D'abord, il y a les faits. Les faits c'est la résolution
1636 qui a été adoptée, je le rappelle, à l'unanimité par le Conseil de sécurité
des Nations-Unies et qui crée une obligation pour la Syrie de coopérer à la
commission d'investigation que préside le juge MELHIS. Alors, sur les modalités
de cette coopération et sur le jugement que l'on peut porter sur cette
coopération, dans l'état actuel des choses, c'est au juge MELHIS de porter son
jugement. Et je ne voudrais pas faire d'ingérence dans les réflexions ou les
conclusions du juge MELHIS.
Ce qui est certain, c'est que cette résolution devra être suivie d'effet et que
je n'imagine pas, sauf à prendre des risques importants en matière notamment de
sanctions, que la Syrie puisse ne pas déférer aux demandes du juge MELHIS. Alors,
c'est déjà fait pour certains des témoins et à l'endroit qu'avait proposé le
juge MELHIS, c'est-à-dire à Vienne. Il nous appartiendra ensuite d'examiner les
conclusions du juge MELHIS lorsqu'il les transmettra au Conseil de sécurité.
QUESTION - L'Union européenne a donné trois milliards d'euros pour le sud
de la Méditerranée, il y a très peu de Chefs d'Etat qui sont venus. On a adopté
un code de conduite, mais on sait qu'il y a un problème sur le terrorisme, et
que l'on a eu du mal à arriver à une déclaration par manque de consensus sur le
problème. Est-ce que vous pensez que c'est vraiment un problème, le terrorisme
et l'immigration ?
LE PRESIDENT. - Sur le terrorisme, l'accord est intervenu sans difficulté.
Je le disais tout à l'heure, et notamment sur la coopération policière et
judiciaire qu'implique une lutte efficace contre le terrorisme. Sur le reste, un
accord est intervenu, pratiquement, et la déclaration commune faite par la
présidence britannique, si vous la lisez -je visais en particulier le début de
cette déclaration- vous verrez qu'elle fait état d'un accord de l'ensemble des
participants. Donc je crois que l'on peut dire que la présidence britannique a
tout lieu d'être satisfaite de ce résultat. Mais, peut-être n'ai-je pas compris
la totalité de votre question ?
QUESTION - Il n'aurait pas été mieux d'avoir un accord formel et une
déclaration officielle des vingt cinq plutôt qu'une déclaration de la présidence,
parce que c'est un petit peu cynique, non ? Une déclaration de la présidence
induit qu'il y a un désaccord derrière cela ?
LE PRESIDENT. - Je ne l'ai pas ressenti comme cela. Et tout le monde a
approuvé cette méthode, qui est une méthode traditionnelle dans ce genre de
réunion internationale. De mon point de vue, il n'y a pas lieu de porter la
moindre critique sur la présidence britannique dans ce domaine.
QUESTION - Avez-vous des nouvelles aujourd'hui à nous donner de l'état de
santé du Président algérien BOUTEFLIKA qui est au Val-de-Grâce ?
LE PRESIDENT. - Je n'ai pas de nouvelles à vous donner pour une raison
simple, c'est que ces nouvelles ne peuvent être données que par les autorités
algériennes. Et que le secret médical fait que je ne suis favorisé d'aucune
confidence particulière. Mais ce que je peux dire, c'est que j'ai le sentiment,
-c'est un sentiment personnel- que les choses se passent bien au Val-de-Grâce et
surtout que je fais au Président BOUTEFLIKA tous mes voeux de très rapide
rétablissement. Non pas que nous ne voulions pas qu'il reste en France aussi
longtemps que possible, mais enfin, dans le cas particulier, moins il restera et
mieux cela vaudra.
QUESTION - La France bénéficie et jouit d'une influence suffisante et
importante dans la région de l'Europe et plus particulièrement dans la région du
Maghreb, est-ce que l'on a vu le processus de Barcelone souffrir ces dernières
années du manque de substance politique et de l'intérêt pour les droits de
l'Homme et la démocratie ? Est-ce que dans les années qui viennent nous allons
voir la France peut-être un peu plus engagée et encourager la démocratie et les
droits de l'Homme dans les régions du monde arabe, particulièrement le Maghreb ?
LE PRESIDENT. - La France est tout à fait fidèle à sa tradition qui
consiste à, certes, ne pas faire d'ingérence dans les affaires intérieures des
pays mais à défendre à tout moment les droits de l'Homme et le respect des
droits de l'homme dans les pays du Maghreb comme dans les autres. Sur ce point,
la France ne changera pas de position. Nous avons toujours tenu ce cap et nous
le tiendrons, naturellement. C'est aussi l'un des progrès enregistrés à
l'occasion de cette conférence de Barcelone.
QUESTION - Demain est pour vous une échéance. Est-ce que vous y pensez et
est-ce que vous sentez le poids des ans ?
LE PRESIDENT - Sur le poids des ans, je vous laisserai le soin de porter
un jugement, ce n'est pas à moi de le porter. Sur le fait que j'y pense, je dois
dire que je n'ai pas eu beaucoup beaucoup de temps pour y penser ces derniers
jours. Mais enfin, j'assumerai mon anniversaire avec beaucoup de plaisir, comme
chaque année, parce que c'est l'occasion d'un contact familial chaleureux.
QUESTION - Monsieur le Président, l'objectif du partenariat, il y a dix
ans, était de créer une zone de prospérité partagée entre les deux rives de la
Méditerranée. Est-ce que vous avez le sentiment aujourd'hui, pour cet
anniversaire, là aussi, que cet objectif a été atteint ? On a plutôt, nous, le
sentiment que les écarts de richesse et de revenus se sont creusés entre les
deux rives ?
LE PRESIDENT - Je vais d'abord dire que l'Europe s'est beaucoup mobilisée
pour aider au développement de la rive sud de la Méditerranée. Je vous rappelle
qu'en gros, grâce au programme MEDA, c'est environ 20 milliards d'euros qui ont
été transférés dont la moitié de subventions, de dons et l'autre moitié de prêts.
Cela fait beaucoup d'argent sur les dix ans en question. On ne peut donc pas
dire que l'Europe ait eu un comportement égoïste. L'objectif de réduction des
différences de développement économique a donc été respecté par l'Europe.
Alors, pour savoir si les différences se sont plutôt accrues ou si elles ont
diminué, premièrement, c'est difficile à dire et deuxièmement, cela dépend des
pays. C'est différent, c'est variable, selon les pays. Vous avez les pays où le
développement économique a été particulièrement spectaculaire, où le
développement notamment, sur le plan social, d'une classe intermédiaire a été
rapide et d'autres qui ont été moins rapides. Parmi les premiers, il y a la
Tunisie qui a connu un développement économique depuis longtemps maintenant,
depuis quinze ans, sur une période importante et qui a forgé une classe moyenne
qui fait encore défaut dans beaucoup d'autres pays.
Donc, je ne pourrais pas répondre précisément à votre question sur la différence
et, je le répète, cela varie d'un pays à l'autre. Mais la volonté de l'Europe de
participer à ce mouvement est tout à fait claire. J'ai eu l'occasion de le
réaffirmer pour ce qui concerne la France. Et je pense que je serais suivi en
disant qu'avec le nouveau programme qui se substitue au programme MEDA,
c'est-à-dire l'accord de voisinage, on ne devrait pas diminuer l'effort et
notamment la partie de l'effort consacré à la Méditerranée, par rapport à ce qui
est consacré aux pays de l'ancienne Union soviétique, par rapport à ce qui a été
le cas il y a dix ans. Donc, l'effort sera poursuivi.
QUESTION - Je voudrais poursuivre la question de mon confrère concernant
le Président BOUTEFLIKA avec qui vous deviez vous entretenir ici même. Cet
impondérable s'ajoutant à d'autres difficultés, pensez-vous toujours que le
traité d'amitié franco-algérien puisse être signé avant la fin de l'année ?
LE PRESIDENT - Je le souhaite, car je crois que c'est une nécessité et
que c'est dans la nature des choses, dans l'intérêt commun. Je regrette
naturellement ce qu'il s'est passé et je souhaite, je le répète, mes voeux de
très rapide rétablissement au Président, mais je ne vais pas lui poser la
question aujourd'hui naturellement. Donc, j'attendrai qu'il ait récupéré toutes
ses forces pour que nous puissions reprendre les discussions très positives que
nous avions dans ce domaine.
QUESTION - Quel bilan tirez-vous de ce Sommet en matière d'immigration
clandestine ?
LE PRESIDENT - Sur l'émigration clandestine, je crois qu'il y a
effectivement eu des progrès dans la mesure où, en particulier, nous sommes
déterminés à lutter de façon efficace contre tous les trafics auxquels cette
immigration donne lieu et à rassembler nos informations et nos énergies pour
lutter contre ces gens-là. Je parle des gens qui organisent, moyennant finance,
de l'émigration clandestine et qui vivent ainsi sur le malheur des gens.
Je vous remercie.
L'Euromed s'est clos sur une déclaration consensuelle et des engagements non chiffrés.
par François MUSSEAU
QUOTIDIEN : mardi 29 novembre 2005 Liberation.fr
Barcelone envoyé spécial
«Il faut boucler le texte. Il faut le boucler d'une façon ou d'une autre !» Capté par un micro qui n'aurait pas dû être ouvert, cet aparté furibond entre le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, et l'un de ses conseillers traduit l'ambiance de fiasco qui a régné sur le sommet euro-méditerranéen (Euromed) de Barcelone qui s'est clos hier. Dix ans après la naissance de ce partenariat entre l'Europe, Israël et neuf pays arabes, l'Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen ont dû négocier jusqu'à la dernière minute les termes du «code de conduite antiterroriste», dont Tony Blair, coprésident de ce sommet, avait fait sa priorité.
Mais ce texte qui proclame que «le terrorisme ne peut jamais être justifié» a été édulcoré, après la rituelle bagarre entre Occidentaux et Arabes sur la légitimité ou non de la résistance armée à l'occupation. «C'est la déclaration la plus forte qu'on puisse avoir», a quand même voulu se réjouir le Premier ministre britannique. Les divergences entre Israël et pays arabes ont d'ailleurs empêché les 35 pays représentés à Barcelone de cosigner la moindre déclaration générale sur les perspectives de paix au Proche-Orient.
Ce dixième anniversaire a été ostensiblement boudé par les pays de la rive Sud de la Méditerranée. Hormis le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, la plupart des chefs d'Etat arabes, tout comme le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, n'ont même pas jugé bon de se déplacer, alors que presque tous les dirigeants européens étaient là.
Malgré le bilan très maigre de leurs dix premières années de partenariat, les deux parties se sont entendues sur un «programme de travail» de cinq ans. La lutte contre l'immigration clandestine en sera une des priorités, avec des engagements non chiffrés faute de budget européen d'aide aux pays d'émigration et de transit. Les partenaires de l'Euromed ont par ailleurs soutenu le projet de conférence euro-africaine sur l'émigration, qui devrait être organisé au Maroc, au printemps.
Comme l'ont déploré Blair et Zapatero, «loin de diminuer, l'écart de prospérité entre l'UE et ses voisins du Sud l'un des plus forts du monde a augmenté, ce qui génère frustration et immigration au Sud». Du côté arabe, on a exprimé la crainte d'une réduction des aides financières. Sur la période 2000-2006, l'UE aura versé 12 milliards d'euros à ses voisins, dont plus de la moitié sous forme de prêts. Jacques Chirac a appelé à maintenir cet effort financier, voire «à mobiliser des moyens supplémentaires».
Autre engagement des pays de l'UE : la future libéralisation des échanges de produits agricoles et de services, et la création d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne à l'horizon 2010. «Un délai impossible à tenir», selon un diplomate.
Adoption de l'initiative hispano-franco-marocaine - Le Matin.ma
Le sommet euro-méditerranéen de Barcelone, qui devrait clôturer ses travaux
lundi en début d'après-midi, a adopté l'initiative hispano-franco-marocaine qui
prône une approche globale du phénomène de l'immigration, a indiqué à la MAP, le
ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération, Taib Fassi Fihri.
"Nous ne sommes pas venus ici pour demander une quelconque assistance.
Nous sommes ici pour prôner une approche globale dans la lutte contre
l'immigration clandestine, qui passe nécessairement par l'augmentation des
investissements et par le soutien du développement des pays du Sud", a dit M.
Fassi Fihri qui accompagne le Premier ministre, Driss Jettou, à ce sommet.
Le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération a annoncé une
prochaine réunion des experts de la région euro-méditerranéenne destinée à
décliner l'initiative hispano-franco-marocaine en mesures concrètes aussi bien
pour la lutte contre l'immigration clandestine que pour la régulation des flux
de l'immigration légale. "Toutes les actions entreprises par le Maroc en matière
de lutte contre l'immigration clandestine ont été financées grâce à ses propres
moyens sans aucune aide étrangère.
Nous n'avons reçu même pas un euro de l'Union Européenne" durant les dix
dernières années pour la lutte contre les mafias de l'immigration clandestine, a
insisté M. Fassi Fihri. Il a aussi mis l'accent sur le développement de
l'immigration légale en concertation entre les pays du Nord et du Sud de la
Méditerranée, notant que les pays européens auront besoin dans les prochaines
années de main d'oeuvre étrangère pour le développement de leurs économies.
Concernant les travaux du sommet euro-méditerranéen, le ministre a affirmé que
"la relance du partenariat euro-méditerranéen est une nécessité stratégique,
économique, politique et sociale pour les pays de la région". "Les pays de la
rive Nord de la Méditerranée doivent être conscients que leurs relations avec
les pays du Sud ne doivent pas être limitées à la coopération contre le
terrorisme et l'immigration clandestine.
L'agenda de la rive Sud est beaucoup plus large et plus complet", a-t-il relevé,
soulignant que" l'un des succès du sommet de Barcelone est d'avoir consacré
cette vision: le partenaire doit recevoir pour pouvoir donner". M. Fassi Fhri a
regretté l'absence de coopération entre le Maroc et l'Algérie en matière de
lutte contre les mafias de l'immigration clandestine, relevant que des milliers
d'immigrants subsahariens entrent au Maroc à travers le territoire algérien. "Nous
souhaitons qu'il y ait un dialogue entre nous et nos frères algériens sur cette
question et d'autres sujets", a-t-il dit.
La lutte contre le terrorisme et le phénomène de l'immigration clandestine
constitue les principaux thèmes au menu des débats de ce sommet, le premier du
genre dans l'histoire que tiennent les chefs d'Etat et de gouvernement des pays
de la région.
Ce sommet, qui marque le dixième anniversaire du processus de partenariat euro-méditerranéen,
lancé à Barcelone en 1995, devrait déboucher sur l'adoption d'une déclaration
définissant une vision commune et décider d'un programme de travail quinquennal
destiné, d'une part, à renforcer les relations entre les pays du bassin
méditerranéen et, d'autre part, à relever les défis auxquels la région est
confrontée.
En marge des travaux du sommet euro-méditerranéen, M. Fassi Fihri a eu des
entretiens avec plusieurs membres des délégations ayant pris part à cette
rencontre, dont notamment les chefs de la diplomatie suédoise et belge.
EUROMED: UN PREMIER TEST MAL
PARTI
Les chefs d’Etat arabes boudent le sommet
29 novembre 2005
Dix ans après le lancement du processus de Barcelone, de profondes
divergences minent l’espace euro-méditérranéen.
Même si certains pensent que l’Euromed a obtenu sur le plan
économique des résultats encourageants, force est de constater que sur le plan
politique, on continue de tourner en rond. Dix ans de partenariat euro-méditerranéen
n’ont pas donné les résultats politiques espérés, et si certaines avancées ont
été obtenues sur le plan économique, c’est surtout au profit des pays européens
, qui placent au-dessus de tout leur sécurité intérieure, qu’ils achètent aux
pays de la berge sud de la Méditerranée, moyennant des millions d’euros donnés
au compte-gouttes aux pays pauvres.
Une étude menée par la Fondation Robert Schumann estime que «dix ans après sa
conclusion en 1995, les difficultés politiques internationales ont eu largement
raison des ambitions politiques et sociales du partenariat»..
«Le retour en force du conflit israélo-palestinien, puis la guerre contre le
terrorisme» ont constitué, pour la paix et les valeurs démocratiques
respectivement, des obstacles que le Partenariat euro-méditerranéen ne pouvait
espérer surmonter. Toutefois, le creusement de l’écart des niveaux de vie entre
les deux bords de la Méditerranée et le manque d’intégration des pays du Sud
entre eux empêchent de profiter davantage des possibilités de ce partenariat,
estime l’étude.
Le processus Euromed lie les 25 pays de l’Union européenne à dix partenaires:
Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Autorité palestinienne, Jordanie, Syrie,
Liban, Turquie.
A tous ces aléas s’est ajouté un autre, qui a fait grincer des dents Josep
Borrell, le président du Parlement européen, qui a estimé que «l’absence des
dirigeants arabes est regrettable» et qu’il était «dommage» que la
plupart des dirigeants arabes soient absents au sommet Euromed de Barcelone,
jugeant que «certaines absences étaient justifiées, d’autres moins»
«Leur présence aurait été d’une très grande utilité et aurait servi pour un
engagement politique plus puissant» en faveur du partenariat euro-méditerranéen,
objet du sommet de dimanche et lundi, a-t-il précisé au cours d’une conférence
de presse.
Sur les neuf partenaires arabes de l’Europe dans ce «processus de Barcelone»,
seul le président palestinien Mahmoud Abbas est présent au sommet, tous les
autres s’étant désistés, y compris au dernier moment, le président égyptien
Hosni Moubarak. Presque tous les dirigeants européens sont, en revanche,
présents.
Le refus de l’Europe de définir la notion de terrorisme, les exigences
occidentales de pousser les pays arabes vers plus de démocratie, le problème lié
à l’immigration clandestine, etc., sont autant de points de discorde qui ne
seront pas résolus demain la veille. Aucun accord sérieux n’a été trouvé autour
du terrorisme et l’immigration clandestine continue.
«Nous savons tous ce que nous voulons dire par lutter contre le terrorisme.
En réalité, il y a une coopération totale entre les pays du nord et du sud de la
Méditerranée contre le terrorisme», a estimé Javier Solana à la réouverture
des travaux.
Mais certains diplomates estiment qu’il sera impossible d’aplanir les
divergences et que la réunion devra se contenter d’adopter un programme de
travail sur cinq ans pour tenter de relancer la coopération euro-méditerranéenne.
Les pays arabes veulent d’abord une définition du terrorisme - ils estiment que
la résistance à l’occupation israélienne des territoires occupés est légitime et
doit être évoquée -, alors que pour l’UE, tout acte de cette nature est
condamnable. Le processus de paix, notamment les précisions sur les frontières
du futur Etat palestinien, divise également les deux rives de la Méditerranée,
ont indiqué des diplomates. En définitive, un triste anniversaire pour le
processus de Barcelone.
Fayçal OUKACI
Ouverture hier du sommet euro-méditerranéen en l'absence de la majorité
des dirigeants arabes : le difficile consensus
La Tribune (Algiers)
ACTUALITÉS
28 Novembre 2005
Publié sur le web le 28 Novembre 2005
By Mekioussa Chekir
Devant célébrer le dixième anniversaire de son existence, ce qui est forcément un événement en soi, le sommet euro-méditerranéen, qui s'est ouvert hier soir à Barcelone, devait perdre de sa substance avant même son aboutissement. Et pour cause, l'absence de la majorité des dirigeants des pays arabes et du Premier ministre israélien, devant initialement y prendre part.
Avec pour axe central du sommet, la lutte antiterroriste, on imagine mal un consensus sur la question en l'absence des leaders de Syrie, d'Egypte, d'Algérie, du Maroc, de Jordanie et du Liban. S'appuyant sur une source diplomatique, l'AFP rapporte que deux points du «code de conduite» demeuraient en suspens avant l'ouverture du sommet : il s'agit de la référence aux frontières israéliennes de 1967 et du droit à l'autodétermination et à la résistance, réclamée par les pays arabes. L'agence française fait état, par ailleurs, de difficultés pour aboutir à un consensus autour du concept du terrorisme, lesquelles difficultés ont été exprimées par les ministres des Affaires étrangères algérien, libyen et syrien. L'Egypte et la Tunisie n'apprécient pas, quant à elles, les pressions européennes quant à leurs engagements en matière de bonne gouvernance, de démocratisation, de droits des femmes.
Pour autant, ajoute la même source, ce ne sont pas ces divergences de visions qui ont conduit à la défection de Bouteflika, de Moubarak, d'El Assad, de Mohamed VI et du roi Abdallah, en raison de différents empêchements. D'autres sources évoquent, quant à elles, une décision concertée prise par ces derniers en vue de boycotter le sommet en signe de protestation contre l'absence de volonté politique de la part de l'Union européenne (UE) en vue d'encourager la résolution du conflit israélo-palestinien, cheville de bataille de la majorité des pays arabes. Si l'agence officielle Mena évoque «des circonstances actuelles dans la région» pour justifier l'absence du président égyptien au sommet de Barcelone, l'on sait que l'absence de Abdelaziz Bouteflika a été officiellement justifiée par les ennuis de santé qui l'ont subitement amené, samedi, à être transféré vers la capitale française pour y subir les soins nécessaires.
L'AFP cite une autre source qui n'exclut pas l'impact de la guerre en Irak sur la participation des dirigeants arabes à cette rencontre. Compte tenu de ces défections, les pays membres de l'UE n'ont pas manqué d'évoquer «une occasion historique manquée» pour les pays arabes sous-représentés à ce sommet. En dépit du scepticisme caractérisant ce sommet, les participants ont émis des souhaits de voir celui-ci aboutir à une évolution quelconque ne serait-ce que pour ce qui est du consensus autour des concepts liés au terrorisme. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a, ainsi, estimé qu'il fallait distinguer entre le meurtre de «civils innocents» et la «résistance à des forces d'occupation» alors que le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a appelé les pays arabes à saisir l'occasion de ce sommet en vue de se «distancier du terrorisme de façon claire et sans équivoque et éviter l'association entre terrorisme et Islam».
Le Haut Représentant pour la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, espérait, pour sa part, que les attaques terroristes touchant désormais «les deux côtés de la Méditerranée» puissent permettre de faciliter les discussions entre les deux partenaires. Cependant, la seule entrevue de haut niveau à l'actif d'un dirigeant arabe, le seul présent à ce sommet, est celle qui devait réunir le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avec Javier Solana et les Premiers ministres britannique et espagnol, Tony Blair et José Luis Rodriguez Zapatero. L'espace euro-méditerranéen, faut-il le rappeler, est composé des 25 Etats membres de l'UE et de leurs dix partenaires de la rive sud de la Méditerranée qui avaient décidé, en mai dernier, de relancer leur partenariat à l'occasion de la décade de création de cette entité géopolitique. Notons, enfin, l'ouverture hier, également à Palma de Majorque (Baléares), de la réunion fondatrice du groupe de l'ONU sur l'Alliance des civilisations, qui ambitionne de saper les fondements du terrorisme islamiste. A l'origine de cette initiative, M. Zapatero a exprimé des doutes quant à la possibilité d'aboutir à un consensus sur «le code de conduite» soumis à adoption au sommet de Barcelone.
L'Algérie attachée à la résolution du conflit israélo-palestinien
Représentée par l'ex-ministre des Affaires étrangères et actuel ministre d'Etat, l'Algérie a adressé un aide-mémoire sur sa position concernant le bilan d'une décennie d'existence de ce cadre censé rapprocher les deux entités géographiques.
La question du Moyen-Orient, estime l'Algérie, demeure «au coeur des préoccupations, car aussi longtemps que le conflit israélo-arabe n'aura pas été réglé de façon globale, juste et durable, la tension persistera dans notre région et continuera d'affecter notre partenariat». Interrogé depuis la capitale catalane par la radio algérienne, M. Belkhadem a fait état hier d'un «bilan assez mitigé» du partenariat entre l'UE et ses dix partenaires méditerranéens, a rapporté l'APS. Evoquant l'intégration d'Israël dans le dialogue euro-méditerranéen, il a indiqué qu'elle s'était faite «avec l'espoir de voir l'UE influer sur le processus de paix au Moyen-Orient. Il se trouve malheureusement que ce processus reste bloqué et ne donne pas les résultats attendus», a-t-il dit. Au plan sécuritaire, M. Belkhadem a fait remarquer qu'il a fallu les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, puis ceux de Madrid en mars 2004 et de Londres en juillet 2005 pour que l'Occident en général et l'UE en particulier se rendent compte de l'importance nécessaire à la coordination de l'activité pour lutter contre le terrorisme. Et d'exprimer sa déception s'agissant des attentes de l'Algérie sur le plan de la circulation des personnes.
La Présidente du CESE porte la voix de la société civile
organisée au Sommet Euromed de Barcelone
10e anniversaire du Partenariat euro-méditerranéen
Date: 29/11/2005
Invitée pour la première fois pour représenter la société civile organisée lors du sommet euro-méditerranéen des chefs d’État ou de gouvernement, tenu le 28 novembre 2005, Anne-Marie Sigmund, Présidente du Comité économique et social européen (CESE) a lancé un appel pour une meilleure implication de la société civile organisée dans le processus de Barcelone. Selon elle, le processus doit être relancé à travers deux priorités : le renforcement de la dimension sociale et la promotion de la fonction consultative.
« La promotion de la fonction consultative, et notamment la création de Conseils économiques et sociaux, peut contribuer à une meilleure gouvernance et à un développement plus harmonieux des sociétés » a déclaré Anne-Marie Sigmund, Présidente du CESE lors de son discours au chefs d’État ou de gouvernement rassemblés à Barcelone pour le 10ème sommet euro-méditerranéen. Elle a lancé un appel pour que le Sommet adopte comme priorités les points suivants:
Mme Sigmund a dressé un bilan mitigé du processus de Barcelone qui n'a pas répondu aux importantes attentes tant sur le plan politique que sur le plan économique et social. Le partenariat doit donc être redynamisé. Cette relance doit s'articuler autour de deux priorités: le renforcement de la dimension sociale du Partenariat et la promotion de la fonction consultative.
Dans son discours elle a présenté les travaux du réseau euro-méditerranéen des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires, qui a tenu son sommet à Amman les 20 et 21 novembre (voir communiqué de presse n° 133/2005). Ce réseau a notamment promu la fonction consultative et la création d'instances de dialogue de la société civile.
Ces instances consultatives existantes devraient être renforcées et créées dans les pays qui n'en sont pas dotés. Elles doivent pouvoir agir de façon indépendante et rester ouvertes à l'ensemble des représentants de la société civile et contribuer à valoriser la notion importante de démocratie participative.
Sommet Euromed : Une occasion manquée pour un vrai rapprochement entre le Nord et le Sud
Al Bayane - Casablanca,Morocco (11/28/2005)
L¹Europe et les pays du sud
méditerranéen ont manqué l¹occasion d¹un vrai rapprochement lors du sommet
Euromed de Barcelone, quoiqu¹en disent ses organisateurs, estimaient mardi
spécialistes et commentateurs.
La conclusion lundi d¹accords sur la lutte contre le terrorisme et sur un plan à
5 ans pour contrôler l¹immigration illégale et appuyer l¹évolution politique,
économique et sociale des pays du pourtour méditerranéen a été saluée comme un
«grand moment» par le président britannique de l¹UE Tony Blair. C¹est un «succès
significatif», a renchéri dans une déclaration Javier Solana, Haut responsable
de l¹UE pour la politique étrangère.
Cet avis n¹était pas partagé mardi par les médias espagnols. Les quotidiens
d¹opposition parlaient de «fiasco» ou d¹»échec» du sommet, tandis que la presse
catalane et les journaux proches du gouvernement socialiste soulignaient la
portée limitée de l¹accord à minima sur le «code de conduite antiterroriste». Et
de nombreux médias, comme ceux de l¹opposition espagnole, stigmatisaient des
propos captés par les micros du chef du gouvernement espagnol José Luis
Rodriguez Zapatero, coorganisateur du sommet, selon qui il fallait trouver «un
accord quel qu¹il soit» entre les 25 pays de l¹UE et leurs 10 partenaires
méditerranéens.
L¹absence de la quasi-totalité des dirigeants arabes conviés au sommet a en
outre souligné que le fossé entre les deux rives de la Méditerranée demeurait
profond, au-delà des désaccords sur la définition du terrorisme ou sur le
processus de paix aux Proche-Orient, qui ont compliqué les négociations à
Barcelone. «Il y a une divergence de fond : les Etats du Sud demandent davantage
d¹aides alors que ceux du Nord veulent subordonner (ces aides) à des avancées
sur le plan de la démocratisation et de la gouvernance», écrivait dans un
éditorial publié mardi le grand quotidien de Barcelone La Vanguardia.
«C¹est l¹impasse des civilisations», a déclaré mardi un diplomate occidental
ayant participé aux discussions. Il faisait référence au projet d¹»Alliance des
civilisations» lancé à l¹occasion de l¹Euromed par M. Zapatero pour promouvoir
le dialogue entre l¹islam et l¹Occident. Le ministre espagnol des Affaires
étrangères, Miguel Angel Moratinos, a affirmé mardi à la radio Cadena Ser que
l¹Europe, après la réunion de Barcelone, formait désormais un «bloc» uni, bien
décidé à appuyer des pays du Sud très «fragiles» dans leur «processus de
consolidation et de réforme politique et économique».
«Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en
échange de quelques euros. Qu¹ils gardent leurs euros car nous voulons des
réformes dans un cadre de souveraineté», avait déclaré dimanche à Barcelone le
ministre d¹Etat algérien Abdelaziz Belkhadem.
Ces crispations, ainsi que l¹intransigeance d¹Israël sur la question du Proche-Orient
et la gestion peu probante des discussions par la présidence britannique, selon
une source européenne, expliquaient l¹absence de déclaration conjointe a l¹issue
du sommet pour accompagner les documents sur le terrorisme et le plan à cinq
ans.
En outre, impasse budgétaire européenne oblige, les aides «substantielles»
promises par l¹UE dans le plan n¹ont pas été chiffrées et les experts jugent
irréaliste le projet d¹établir d¹ici 2010 une zone de libre-échange réunissant
plus de 700 millions de consommateurs de part et d¹autre de la Méditerranée.
Le bilan des dix premières années du «processus de Barcelone» est considéré par
les experts comme plutôt négatif, ainsi que l¹a confirmé une étude publiée
pendant le sommet par la fondation Robert Schuman. Aux dires des commentateurs,
le sommet Euromed ne semble pas avoir relancé de façon décisive ce partenariat
euroméditerranéen.
Editorial:'Our' Euro-Med partnership
Jordan Times -
30/11/2005
Rarely have reviews of an international high-profile conference been as mixed as
the ones emerging from the Euro-Med summit that closed on Monday in Barcelona.
Some European newspapers branded it an outright fiasco, most European leaders
hailed it as a great success, Arab analysts complained it was a missed
opportunity, and Mediterranean governments remained mostly silent.
Such varied reactions betray very different expectations, not only from the
two-day summit, but from the Euro-Mediterranean partnership itself.
Europeans went to Barcelona with the intention of squeezing a joint declaration
on terrorism that would provide a new strong pillar for the war on terror.
A few European politicians were perhaps dreaming of a document they could
present the Americans as proof that Europe is better positioned to engage the
Middle East in real dialogue, thus reconfirming to an individualistic
administration strongly bent on unilateralism that it still needs its older
cousins across the Atlantic.
But finding middle ground on the definition of terrorism, successfully crossing
the old quagmire of where legitimate national liberation operations end and
terrorism begins, was obviously no mission for a two-day summit. Hence, European
leaders had to be content with a chairmanship's statement on terrorism.
As for Arab participants, many of them frowned at the idea of aid and assistance
being conditional to democratisation and reforms. This formula — which
constitutes the backbone of the next phase of the Euro-Med partnership, the
European Neighbourhood Policy, in which the 10-year-old Barcelona process is
being integrated — smells of blackmail to large segments of Arab public opinion.
But what did Jordan actually expect from Barcelona in particular and from the
partnership in general?
Well, in the context of the war on terror and as far as the definition of
terrorism is concerned, Jordan is perhaps the closest to Europe amongst the
Mediterranean partners.
Jordan is also one of the 10 partners — if not "the" partner — that has done the
most in terms of advancing domestic reforms. It also has one of the best records
in terms of capacity of absorbing EU assistance.
Given these factors, and upholding the tenets of the European Neighbourhood
Policy, Jordan should see a substantial increase in EU assistance for 2007-2013.
We hoped Barcelona would clear up this point, but with the EU scrambling to find
agreement on a budget, not even the amount of aid that will collectively go to
southern Mediterranean states was specified.
Hopefully, it will be a temporary disappointment.
Hopefully, good news will come soon.
Alors que l’Espagne, qui connaît des succès dans de nombreux domaines (vitalité économique et démocratique), est confrontée à des problèmes anciens et à d’autres plus nouveaux (terrorisme de l’ETA, tensions entre catholiques et laïcs, attentats islamistes, forte immigration), les révoltes dans les banlieues françaises sont observées avec à la fois une grande attention et une certaine crainte de l’autre côté des Pyrénées.
Pas encore un problème ?
A la question : « Croyez-vous que des évènements similaires aux révoltes urbaines qui ont lieu en ce moment en France pourraient arriver en Espagne ? », parmi les personnes interrogées par le quotidien El Mundo le 10 novembre 2005, 62% répondent positivement. Les Espagnols se sentent concernés, en premier lieu parce qu’ils se posent eux aussi la question globale de la possibilité de maintenir une cohésion sociale en ces temps de mondialisation.
Ainsi, l’article de Josep Ramoneda, paru dans El Pais du 7 novembre, cherche à analyser les comportements des jeunes des banlieues et leurs motivations, en évoquant le passage de l’État social à l’État pénal, résultat inévitable et brutal des processus de globalisation qui conduisent à une perte de repères et une précarité socio-économique. Cette transformation de l’action de l’État menace, selon lui, l’Espagne, comme tous les pays de l’UE. Les inquiétudes en Espagne se font jour du fait également de la vague d’immigration sans précédent qu’elle connaît : elle est désormais le nº1 européen de l’immigration, absorbant depuis 2003 plus de 500 000 nouveaux immigrés par an, pour la plupart des Marocains et des Latino-Américains.
Et si l’Espagne jouit actuellement des bonnes performances de son économie, facilitant ainsi l’accueil de ces étrangers, les drames de migrants subsahariens morts sur les barbelés de Ceuta et Melilla (enclaves espagnoles sur la côte nord du Maroc), déportés dans le désert du Sahara par les autorités marocaines, ou noyés dans l’Atlantique et la Méditerranée, sont un avertissement sérieux. Cette vague d’immigration, et la croissance démographique qu’elle entraîne, accroissent les exigences d’insertion sociale et spatiale des immigrés, et aussi des couches populaires.
De nouveaux flux migratoires, et des zones grises.
Tout d’abord, concernant l’immigration, il faut signaler une différence majeure avec la France : alors qu’en France ce sont -pour une grande partie- des personnes issues de la deuxième ou troisième génération d’immigrés nord-africains qui semblent revendiquer brutalement une existence à part entière dans la société, l’immigration nord-africaine, et notamment marocaine, en Espagne est beaucoup plus récente. Par conséquent, la situation espagnole ne serait pas encore trop détériorée, et du temps pour l’action serait disponible. À ceci, deux commentaires : tout d’abord, les émeutes xénophobes en Andalousie, en 2000, contre les travailleurs clandestins immigrés venus d’Afrique du Nord, nous rappellent que le problème du racisme est déjà présent en Espagne, tout particulièrement dans les zones rurales du sud du pays. Même si les réponses des autorités publiques et des associations ont permis de sortir cette situation de grandes tensions, les attentats du 11 mars 2004 à Madrid ont ravivé les comportements et actes anti-maghrébins.
Deuxièmement, l’incompréhension culturelle et les inégalités sociales et économiques, facteurs parmi d’autres de la révolte des banlieues françaises, marquent aussi les rapports entre les immigrés d’Espagne (essentiellement ceux d’Afrique du Nord) et le reste de la population.
Concernant la répartition géographique des immigrés, il faut noter qu’ils ne sont pas systématiquement repoussés à la périphérie des villes. Au contraire, à Madrid par exemple, ils logent dans des appartements petits, insalubres et chers du centre. Dans la périphérie, on trouve des banlieues, dans lesquelles les immigrés ont pu trouver un emploi, mais aussi des zones où la délinquance juvénile se développe fortement (notamment à cause des bandes de jeunes d’origine sud-américaine). Cette situation hétérogène est rendue plus délicate à gérer à cause de la forte croissance démographique que connaissent les grandes métropoles espagnoles.
Les réponses du gouvernement socialiste de M. José Luis Rodriguez Zapatero ont été multiples. Alors que l’Institut national espagnol de statistique (INE) estime que sur les 3 700 000 d’étrangers essentiellement Maghrébins (Marocains), Latino-Américains (Équatoriens), et d’Europe de l’Est (Roumains)- qui représentent 8,4% de la population résidant en Espagne, plus d’un million sont clandestins, une procédure sans précédent de régularisation de 700 000 immigrés sans papier a été lancée entre février et avril 2005. Même si de nombreux observateurs affirment que cette mesure est plus économique qu’humanitaire, elle a eu vraisemblablement des effets d’apaisement, puisque, par exemple, l’exploitation du travail des clandestins -qui avait notamment conduit aux émeutes d’Andalousie- est considérablement réduite.
Concernant la répartition géographique des immigrés, un effort de construction de logements sociaux a été fourni, alors que les secteurs de logements sociaux minimaux et des secteurs privés de loyers de basse qualité ont régressé au cours des dernières années, et que les dépenses des gouvernements en politique du logement représentent moins d’1% du PNB. Le gouvernement entend en effet mener une politique d’aménagement urbain et de construction de logements qui contribue à faciliter l’intégration des étrangers et à améliorer la qualité du cadre de vie de ceux qui résident en périphéries des grandes villes. Enfin, un Forum pour l’intégration sociale des immigrés a été créé en 2001 ; il a pour fonction de formuler des propositions et des recommandations tendant à promouvoir l’intégration des immigrés et des réfugiés dans la société espagnole.
A côté de cette mesure de politique intérieure, le Président du gouvernement espagnol a lancé une initiative internationale de grande envergure, destinée à renforcer les liens entre l’Occident et le monde arabo-musulman. Cette « Alliance des civilisations » (Alianza de civilizaciones) proposée par M. Zapatero a pour but de travailler à des réponses politiques, culturelles et éducatives face à la méfiance croissante qui s’instaure entre ces deux aires politico-culturelles. Cette initiative a, elle aussi, fait l’objet de critiques, selon lesquelles on ne peut combattre la violence et le terrorisme avec des mesures éducatives et économiques, puisque les terroristes sont des personnes très éduquées et provenant de pays arabes riches. Pourtant, elle montre combien l’Espagne entend prendre ses responsabilités et trouver une alternative à la politique menée par les États-Unis d’Amérique.
L’Espagne possède également des instruments structurants de sa politique extérieure à l’égard des pays d’origine des immigrés : elle reste en effet un élément moteur du partenariat euro-méditerranéen né du processus de Barcelone (voir notre policy paper à ce sujet).
Espagne, terre de conflits
On affirme désormais assez souvent qu’une des raisons de l’embrasement des banlieues en France réside dans l’absence de correspondance, voire dans la contradiction entre la devise de la République -liberté, égalité, fraternité- qui énonce les principes du modèle de vie commune à la française, et la réalité de cette vie commune (voir notre article dans ce dossier). Qu’en est-il en Espagne ?
L’Espagne est bien évidemment, depuis 1978, un État démocratique qui défend les droits et libertés fondamentaux de tous ses résidents, mais elle n’a pas été -jusqu’à une époque très récente- un pays d’immigration. Le problème de l’intégration ne se posait donc pas, sauf en termes purement juridiques. Aujourd’hui, alors que la situation évolue, les immigrés venant en Espagne n’ont pas comme référentiel la prétention d’une devise républicaine et d’un modèle unificateur. L’Espagne expérimente constamment le conflit depuis le retour de la démocratie : conflit entre l’État espagnol et les communautés autonomes sur leurs compétences respectives et la reconnaissance des langues et des cultures régionales, conflit entre l’Église catholique -qui prétend maintenir son influence sur la société- et les gouvernements socialistes successifs - qui souhaitent une société et notamment une éducation plus laïques-, ainsi que des décennies de conflit armé entre les séparatistes basques de l’ETA et les autorités publiques.
Dans ce contexte, l’intégration des immigrés dans la société espagnole a, pendant longtemps, fait l’objet d’une indifférence des autorités publiques. Cette indifférence a signifié autant une possibilité pour les immigrés de garder leur identité culturelle tout en s’insérant économiquement, qu’une négligence de la part des pouvoirs publics.
Aujourd’hui, les élus locaux et nationaux sont appelés à agir rapidement et de manière cohérente, pour éviter que des poches de marginalité ne se créent dans les villes du pays, et qu’un nouveau clivage dans la société espagnole n’apparaisse.
Auteur : Julien DIJOL, Euros du Village
Alliance des Civilisations à Palma De Majorque 3 Décembre 2005 L'Opinion - Morocco
L’Alliance des Civilisations, Groupe de Haut Niveau des Nations Unies, créé par Kofi Annan et constitué par quatorze personnalités politiques, intellectuelles et religieuses représentant les cinq continents, vient de tenir sa première réunion à Palma De Majorque. André Azoulay, conseiller de SM le Roi a participé à cette réunion en tant que membre permanent choisi par le SG des Nations Unies.
Un choix qui honore l’homme et le Maroc et qui concrétise l’esprit de respect dont jouit notre pays dans les instances internationales grâce à son engagement pour la paix et le rapprochement entre les peuples et les religions.
« Le temps n’est plus à la parole mais à l’action pour reconstruire une logique de dialogue et remobiliser la Communauté des Nations autour d’une logique de respect, de dignité et de justice mieux partagés entre les cultures et les religions » a déclaré M. André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi, à l’occasion d’un point de presse à Palma de Majorque, où vient de se tenir la première réunion du Groupe de Haut Niveau mis en place par M. Kofi ANNAN pour l’Alliance des Civilisations.
« Cette perspective d’alliance, en contrepoint à la culture du choc des civilisations qui s’est imposée par effraction dans les relations internationales, a créé d’énormes attentes et beaucoup d’espoirs » a ajouté M. Azoulay en soulignant que « faire partie de ce Groupe de Haut Niveau imposait à chacun de ses membres lucidité et responsabilité ». Pour le conseiller de Sa Majesté le Roi, « Nous sommes désormais au sein de ce Groupe, porteurs d’une obligation de résultats et d’un devoir de vérité pour redonner crédibilité et demain peut-être réalité, à un nouvel ordre international où les sensibilités, les priorités et les intérêts de chacun seraient pris en compte avec la même rigueur et avec un référentiel non discriminant, s’agissant de justice et de respect, quels que soient l’espace, la culture où la religion dans lesquels nous évoluons ».
Parlant des objectifs assignés par le Secrétaire Général des Nations-Unies à ce Groupe de Haut Niveau, M. Azoulay a déclaré qu’il allait recommander pour sa part que soit privilégiée une approche globale, prenant en compte les aspects politiques, économiques et culturels fondateurs de cette perspective d’alliance.
« Il serait vain de bâtir un agenda essentiellement culturel ou religieux en marginalisant les enjeux stratégiques idéologiques ou économiques qui sont en réalité déterminants pour gagner cette bataille de la raison retrouvée, contre tous les extrémismes » a estimé le Conseiller de Sa Majesté le Roi en rappelant que sa réflexion et sa contribution au Groupe de Haut Niveau, étaient largement déterminés par son expérience et son vécu en tant que Marocain porteur des acquis d’une civilisation plusieurs fois millénaire.
Il est à rappeler que cette première réunion du Groupe de Haut Niveau des Nations-Unies s’est tenue du 26 au 29 novembre à Palma de Majorque. Elle avait été ouverte par deux interventions très engagées et très volontaristes des Premiers Ministres d’Espagne et de Turquie, M.M. Zapatero et Erdogan.
L’ancien président iranien, M. Khatami, membre du Groupe avait pour sa part introduit le débat en faisant l’inventaire et l’évaluation de toutes les initiatives mises en œuvre dans le Monde au cours des dix dernières années pour aider au dialogue des cultures et des religions.
A l’invitation du gouvernement de Qatar, la seconde réunion du Groupe de Haut Niveau se tiendra à Doha du 26 au 28 février 2006.
Entre temps des sessions régionales seront convoquées en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.
Copyright ©
2005 Hispano-Turco.Com
All Rights Reserved. Her Hakkı Saklıdır.
Propiedad Intelectual.